La Région Bruxelloise a 20 ans et à cette occasion nous pouvons mesurer la distance parcourue par notre Ville-Région. Elle s’est transformée, en menant des politiques pour et par les Bruxellois, elle a pu de manière positive enrayer le déclin urbain qui la guettait en 1989.
L’enthousiasme et le débat politique autour des grandes législations ont marqué le renouveau de la Région. Nous voulions redéfinir un « projet de Ville », assurer la solidarité entre les communes et mettre en place des instruments de gestion de la Ville-Région dans un parlement tout jeune et plein de propositions. L’identité bruxelloise était en marche !
Dès le départ Ecolo a déposé des textes sur les études d’incidence, sur la protection et l’intégration du patrimoine urbain et sur le financement indépendant des asbl de protection de l’environnement urbain. Nous avons initié les contacts avec les interlocuteurs sociaux à travers des rencontres comme « Bruxelles Ville Durable ».
20 ans après, les institutions fonctionnent, la presse régionale s’empare de l’actualité et beaucoup de bruxellois sont heureux de vivre dans cette ville multiple.
20 ans qui ont permis de mettre en œuvre des politiques très innovantes notamment en matière d’énergie ces 5 dernières années, sous l’impulsion de la Ministre Evelyne Huytebroeck. Citons parmi d’autres mesures les primes en matière d’isolation et les primes pour une rénovation écologique. Cette politique énergétique à fait de Bruxelles une ville qui se prépare à ce grand défi social et environnemental.
La situation est cependant loin d’être rassurante : l’économie bruxelloise est florissante et pourtant la population s’appauvrit depuis 20 ans, le chômage est devenu structurel et avoisine les 20% et plus de 35% chez les jeunes. Bruxelles doit être plus ambitieuse pour ses habitants : refinancer les écoles, adapter l’enseignement à des enfants qui doivent parfois apprendre le français ou le néerlandais à l’école alors que ce ne sont pas les langues qu’ils pratiquent dans leurs foyers. En ce qui concerne l’enseignement Bruxelles présente des écarts trop grands entre les « bonnes » et les « moins bonnes » écoles, du coup certains de nos jeunes n’ont pas un niveau de scolarité suffisante pour leur permettre de poursuivre des formations techniques ou universitaires. Améliorer la qualité de l’enseignement est une urgence.
Travaillons à la mise en œuvre d’un « green deal » pour notre Région- Capitale : l’investissement important qui se fait en matière d’énergie doit par la création de zonings spécialisés, l’aide aux PMEs et l’organisation des formations spécialisées , déboucher sur un secteur de services « urbains » enraciné à Bruxelles capable de créer de l’emploi et du revenu pour notre population qui en a bien besoin. Aujourd’hui sur 10 emplois nouveaux qui se créent en Région bruxelloise, seul 1 est occupé par un bruxellois. Changer cela implique une « révolution copernicienne » pour toutes les institutions qui s’occupent de développement économique, d’emploi et de formation dans notre Région ; l’enjeu est de faire de notre économie régionale, une économie exemplaire dans le domaine environnemental.
De plus Bruxelles doit relever un défi démographique, certes les prévisions nous annoncent une croissance importante de la population, mais les chiffres positifs cachent une réalité plus préoccupante, les jeunes ménages qui ont des revenus continuent à quitter la Région dès lors qu’ils décident de se « fixer » quelque part.
Bruxelles doit améliorer aussi « l’habitabilité » de la ville pour que ces ménages aient envie de rester. Une meilleure qualité de l’environnement urbain, moins de pollution, moins de bruit et une meilleure mobilité pour tous, cela passe, que l’on le veuille ou non, par une réduction de la part de l’automobile dans nos déplacements. C’est un choix politique qui demande du courage. Pour mieux faire circuler les bus et les trams, il faut prévoir plus de couloirs réservés, supprimer des places de stationnement.
Nous souffrons de maladies respiratoires, nos enfants et nous-mêmes sommes exposés à un air pollué par des particules fines ; il est pourtant possible d’inverser les priorités, d’autres villes européennes l’on fait comme Paris ou Freiburg.
Aujourd’hui, Bruxelles a besoin de projets ambitieux, à la hauteur des défis qui se présentent à nous. Nous avons des solutions pour améliorer la qualité de vie des Bruxellois, la lutte en faveur de l’égalité des chances et la solidarité.
Notre Région doit être le « visage humain » de l’Europe politique que nous voulons. Elle doit apporter sa contribution aux grands changements nécessaires pour sauvegarder la planète. Et cela pour les générations actuelles et les générations futures !
ps. Ce texte paraît en néerlandais dans le numéro de cette semaine de « Deze week in Brussel ».