Ces derniers mois, les projets de shopping-centers se sont multipliés en Région Bruxelloise et en périphérie. Parmi eux, deux projets se démarquent par leur ampleur. Un projet à Mechelen, et un projet au Heysel. Selon leurs partisans ces projets sont évidents vu le potentiel commercial du nord de la Région. Ce potentiel n’est pourtant pas aussi clair pour tout le monde. Certains nourrissent des inquiétudes sur les effets néfastes possiblement générés sur les autres pôles commerciaux, à commencer le centre-ville et le haut-de-la-ville.
Si la décision pour Mechelen appartient à la Région Flamande, la décision pour le Heysel revient aux pouvoirs publics bruxellois, Ville et Région. Pour un développement harmonieux de la Région, la prudence est de mise. On ne peut pas décider d’une telle infrastructure, uniquement en réponse à un projet de l’autre côté de la frontière linguistique. La justification économique du projet doit être solide. J’ai interrogé, au nom du groupe Ecolo, le ministre de l’Economie Benoît Cerexhe, mercredi 2 décembre, en commission des Affaires économiques du Parlement Bruxellois.
La déclaration de majorité prévoit très clairement la mise en place globale d’une politique d’évaluation transparente de l’action publique. Cette politique doit être menée la plus largement possible, tant pour optimiser les moyens de la Région, que pour limiter les échecs et effets négatifs des politiques publiques. Toutes les politiques publiques régionales doivent faire l’objet d’un tel examen. Il ne doit pas y avoir d’exceptions. Les décisions stratégiques en matière de développement commercial ne peuvent pas en faire abstraction. Cela concerne donc la proposition de création au Heysel d’un nouveau shopping-center.
L’évaluation et la justification d’une telle décision est d’autant plus capitale dans le cas du shopping-center du Heysel que les effets négatifs potentiels de mauvaises décisions en matière commerciale sont réels…
Dans le cas présent, le contexte complique encore la donne. Car si Bruxelles jouit d’une offre commerciale enviée dans le centre-ville, le haut-de-la-ville, et ses noyaux commerciaux, cette offre demeure fragile, et largement tributaire de la conjoncture. En outre, le centre-commercial, envisagé non pas dans la déclaration régionale mais dans les projets de la Ville de Bruxelles, comporte 100.000 m², soit une surface qui en ferait le plus grand de Belgique. Pour la comparaison, City 2, est de 50.000 m².
La justification qui est donnée au shopping-center du Heysel par le ministre de l’Economie est celle du Schéma de Développement Commercial de la Région. Ce document, dont une simple synthèse est accessible ne comporte pourtant aucune trace d’évaluation claire d’un tel développement, pas plus que de sa justification. Il constitue un panorama général du paysage commercial bruxellois.
L’UNIZO et l’UCM, les associations des classes moyennes, sont très critiques vis-à-vis de ce projet. Elles y voient des risques de fragilisation très forte des pôles commerciaux existants. Les deux organisations de défense des indépendants ont réalisé une étude sur les conséquences commerciales dans la Région d’un nouveau shopping-center au Heysel. Les résultats indiquent clairement les effets négatifs sur le commerce au centre ville et à l’avenue Louise…
Par ailleurs, j’ai interrogé le Ministre sur le business plan du projet sans obtenir davantage de réponse. On ne connaît pas quels types de commerces sont destinés à trouver place dans ce centre-commercial. Pas plus qu’on ne sait si des mesures d’accompagnements ou de compensation des pôles commerciaux existants, par rapport aux effets négatifs qu’ils pourraient ressentir, sont à l’étude.
Bref, on ne sait pas grand chose. Et ce n’est pas la question que j’ai posée au ministre qui a permis de sortir de cette opacité. L’élément qui est ressorti, c’est que le Ministre tient beaucoup à ce shopping-center au Heysel, et qu’il veut aller vite. Ceci pour que la Flandre ne lui « vole » pas le bénéfice du potentiel commercial attendu dans la zone.
La question de l’accès à l’information du Parlement mais aussi des habitants est restée sans réponse. A suivre…